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Atlas, Truths, Details, Intervals and the Afterlives of the image

Atlas, Truths, Details, Intervals and the Afterlives of the image


« Quelque part entre le Talmud et Internet », c’est ainsi qu’est décrit le singulier projet Mnemosyne Atlas (1923 ≈ inachevé) de l’historien d’art allemand et visionnaire Aby Warburg ≈ Avec Freud et Nietzsche, Aby Warburg (1866-1929) est l’un des principaux pionniers des sciences humaines des XIXe et XXe siècles. Warburg lui-même considérait cette constellation d’images gigantesque et fragmentée comme une « histoire de fantômes pour adultes » dans laquelle de surprenantes et multiples relations s’établissent entre les vérités les plus évidentes. L’actualité de l’Atlas de Warburg en fait un puissant outil d’analyse de l’image en mouvement aujourd’hui, et constitue la source d’inspiration de l’exposition « Atlas ».

Les artistes présentés dans « Atlas » bousculent la notion d’image comme cristallisation de la vérité. En utilisant des images dérivées du réel, de la fiction, du documentaire ou du matériel biographique, ils spéculent et déstabilisent, structurent et reconfigurent l’image en mouvement. Ni historiques, ni non historiques, leurs pratiques émergent dans un espace parallèle, né du débat critique entourant le cinéma vérité, la télévision, le documentaire, l’archive, les théories postcoloniales et l’essai vidéo.

AYREEN ANASTAS/FRANÇOIS BUCHER/RENE GABRI
UNDER THE PAVEMENT FIRST ESSAY ON CHRONIQUE, 2010, INSTALLATION VIDÉO
Cette installation constitue le premier chapitre d’une large recherche en cours sur le film «Chronique d’un été» que les artistes ont amorcée avec Edgar Morin(coréalisateur avec Jean Rouch du film de 1960). Elle permet de thématiser les problèmes centraux du montage et du temps, de façon à la fois spécifique et plus générale; les artistes se réapproprient les rushes encore inconnus d’une oeuvre majeure du cinéma des années 1960, qui explorait elle-même le format du documentaire.

URSULA BIEMANN
BLACK SEA FILES, 2005, DOUBLE PROJECTION VIDÉO SYNCHRONISÉE
Ce film illustre une recherche sur la géographie du pétrole caspien et le nouveau pipeline géant traversant le Caucase. Une multitude de figures (ouvriers, paysans, réfugiés, prostituées, etc.) apparaissent le long de cette canalisation, contribuant à la large géographie humaine en rapport direct avec les pratiques des sociétés et politiques liées au pétrole. S’inspirant des méthodes de recherche des ethnologues ou des agents secrets, le travail de l’artiste suggère la façon dont l’information est détectée, circule, ou est retenue.

AZUCENA RODRíGUEZ
CULTURA CONTRA LA IMPUNIDAD, 2010, INSTALLATION VIDÉO, 9′
Pedro Almodóvar, Javier Bardem, Juan José Millás et Miguel Ríos, entre autres, incarnent des personnes assassinées pendant la guerre civile espagnole et la dictature. Les histoires, soigneusement documentées par l’Asociación para la Recuperación de la Memoria Histórica, ont été sélectionnée par l’écrivain Almudena Grandes et aspirent à donner une vision d’ensemble de ces exécutions parfaitement arbitraires. Les quinze spots se terminent toujours par la même déclaration : « Je n’ai pas eu de procès, ni d’avocat, ni de verdict, ma famille est toujours en train de me chercher, jusqu’à quand… », puis on entend des coups de feu.

MARIA IORIO/RAPHAËL CUOMO
ENSEMBLE DE TRAVAUX EN COURS 2010, INSTALLATION VIDÉO
Fabriques (2010), nouveau film produit pour l’exposition et élément central de cette installation, a été réalisé dans les environs de Msaken (Tunisie) dans plusieurs manufactures d’éléments décoratifs. Signes ostentatoires de prestige social, ces ornements prolifèrent sur les maisons privées de cette région marquée par une forte émigration vers l’Europe. Les portraits des ouvriers de ces manufactures (main d’oeuvre bon marché issue d’une migration interne), entourés d’ornements entreposés ou exposés, rappellent sur un mode critique une tendance de la photographie orientaliste du début du XXe siècle, ayant recouru à des éléments architecturaux décoratifs comme accessoires exotiques.

JAN PETER HAMMER
THE ANARCHIST BANKER, 2010, INSTALLATION VIDÉO HD, 30′
Dans son installation vidéo, Hammer construit un labyrinthe narratif qui entremêle sans équivoque histoire et fiction. Il subvertit le genre du documentaire vidéo et du «re-enactment», mettant en scène un entretien entre le banquier Arthur Ashenking et l’animateur de télévision David Hall; Le dialogue surréaliste s’inspire de celui de l’auteur portugais Fernando Pessoa dans son oeuvre éponyme de 1922; il a cependant été adapté, afin de refléter plus adéquatement les pratiques financières du néo-libéralisme et la crise économique actuelle en découlant.

MARA MONTOYA
MEMORIES OF GLORY, 2010–2011, VIDÉO HD
Dans cette vidéo, le Parc Royal de Bruxelles incarne une représentation de l’architecture et des tendances politiques de la ville, ainsi que de sa relation au Congo. Comprenant une narratrice unique mais néanmoins versatile, le film est ponctué par différents types d’images – contemporaines, d’archives, photographiques. Alors que la première partie est une description du lieu où se trouvent les personnages – le Parc Royal – la seconde inclut des souvenirs douloureux de la colonisation belge au Congo. En dernier lieu, la narratrice effectue un parcours dans le passé du Rwanda et du génocide de 1994.

ANGELA MELITOPOULOS
PASSING DRAMA, 1999, VIDÉO
Avec Passing Drama, l’artiste plonge le spectateur au cœur de sa propre vie, se remémorant l’histoire de sa famille grecque immigrée en Allemagne – ainsi que celle, identique, de nombreux autres réfugiés. A l’instar de la mémoire qui procède par associations d’idées et de souvenirs, la narration du film suit plusieurs logiques, tandis que témoignages et images fictives s’entrelacent. Les métiers à tisser, les fils, sont un élément récurrent de cette œuvre ; ils incarnent le travail de la mémoire, qui n’est ni linéaire ni chronologique, mais met en relation des moments de vie, de l’artiste et d’autres individus.

URIEL ORLOW
REMNANTS OF THE FUTURE, 2010, VIDÉO HD
Remnants of the Future est un film consacré à Mush, un vaste projet immobilier du nord de l’Arménie, conçu après le violent tremblement de terre de Spitak en 1988 et abandonné en pleine construction à la chute de l’Union Soviétique. Mush se nomme ainsi en référence à la ville arménienne du même nom, qui fut elle-même l’un des théâtres du génocide de 1915. Ces images d’une beauté post-apocalyptique, aride et troublante racontent, par le biais d’éléments documentaires et fictifs, le passage des époques et les vestiges laissés dans leur sillage.

THE OTOLITH GROUP
OTOLITH I, 2003, INSTALLATION VIDÉO, 22′
Première partie d’une trilogie, Otolith I se déroule au XXIIe siècle alors que l’humanité n’est plus à même de survivre sur terre et de fait est contrainte à la vie dans une station spatiale internationale. A travers le récit « venant du futur » du docteur Usha Adebaran Sagar (future descendante de l’un des artistes), anthropologue effectuant des recherches sur la vie sur terre, ainsi que l’histoire de sa grand-mère, étroitement liée à des moments historiques, ce film de science-fiction permet d’aborder diverses temporalités, et d’envisager, telle une métaphore de l’apesanteur, la notion de suspension de volonté politique. The Otolith Group a été nominé pour le Turner Prize 2010.

MARCO POLONI
THE ANALOGOUS DAM, 2010,PROJECTION VIDÉO CONTINUE SUPER-16MM TRANSFÉRÉ SUR VIDÉO HD
Le film est présenté en première au Centre d’Art Contemporain Genève. Faisant partie d’un dispositif comprenant plusieurs autres travaux sur lesquels l’artiste travaille actuellement, il explore un lieu fantomatique et désolé, Diga Blufi, un barrage situé en Sicile centrale. Diga Blufi est l’une des plus impressionnantes « incompiute » du Sud italien: grandes œuvres publiques inachevées, souvent infiltrées par la mafia, et transformées par le temps en des sortes de « ruines à l’envers » – un concept de l’artiste américain Robert Smithson.

JÓZEF ROBAKOWSKI
FROM MY WINDOW, 1978–1999, 2000, 16MM VIDÉO
From my Window est une collecte de fragments du quotidien, capturés par la caméra de l’artiste pendant plus de vingt ans depuis son appartement. En voix off, le narrateur apporte quelques informations sur les gens qui passent, les événements, les petites péripéties se produisant dans la rue et dans le square. A travers ces vingt ans de tournage, l’artiste relate également l’évolution de la Pologne, tandis que le paysage urbain se modifie et que la culture matérielle s’intensifie. Ponctuellement à l’image, le défilé du 1er Mai incarne ce changement profond, celui du détachement graduel de l’influence politique de l’URSS.

JOHN SMITH
THE GIRL CHEWING GUM, 1976, 16MM TRANSFÉRÉ SUR VIDÉO
The Girl Chewing Gum est un travail au style documentaire illustrant la vie d’une rue de l’Est londonien délabré des années 1970, à laquelle l’artiste superpose, en voix off, des commentaires laissant croire qu’il est celui qui orchestre les événements. Reléguant le travail de mise en scène à la postproduction, l’artiste structure son film comme une narration constamment réinventée. Le discours qui dicte habituellement le sens des images dans les documentaires est ici mis à nu et renversé, dans un registre humoristique, alors qu’il s’éloigne de toute vraisemblance.

Une proposition de Katya García-Antón

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